1/ Un peu d'histoire: l'hérédité avant Mendel
Q/
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Depuis l'aube des temps, l'on s'interroge sur la ressemblance frappante qui existe entre parents et progéniture...Bien évidemment, on se pose dès l'Antiquité l'éternelle question: 'comment fait-on les bébés' (encore que la technique ne souffre pas grande variation!) quoiqu'elle soit immédiatement supplantée en importance par: 'pourquoi mon fils a-t il les yeux de sa mère?'
Voici en quelques lignes l'histoire -simplifiée- des conceptions de l'hérédité:
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Les plus vieilles spéculations connues sur ces questions remontent au philosophe et mathématicien grec Pythagore (environ ~580- ~504). Selon lui:
La somme des carrés des deux côtés de la famille détermine la taille de l'hypoténuse du bébé
Le sperme de l'homme coagule dans le vagin et forme un embryon qui grossira dans l'utérus.
L'angle du lit de la femme enceinte conditionne le sexe futur de l'enfant
Les spermatozoïdes de l'homme, tels de petits géomètres, tissent dans la matrice (l'utérus) de la femme les plans du bébé
Cette théorie est dite patrocline, puisque tout vient du père. La mère ne sert qu'à nourrir l'embryon de son sang (c'est pourquoi celui-ci peut acquérir des caractéristiques physiques et des traits du caractère de sa mère).
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Pour Hippocrate (~460- ~360), le plus célèbre médecin de l'antiquité, la mère fabrique également une semence (qu'il assimile aux sécrétions vaginales) qui se mélange au sperme lors de la conception.
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Aristote (~384- ~322) a une idée plus précise:
l'accouplement n'a rien à voir avec la reproduction. Celle-ci se fait par la prière et la pensée
le sperme déclenche la transformation de l'utérus en embryon
le sperme est du sang purifié contenant l'âme de l'enfant. Il se mélange au sang menstruel (moins pur) de la femme
. C'est l'épigénisme.
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Pendant le Moyen Age, et même la Renaissance, beaucoup de courants de pensées sur l'hérédité émergent. Par exemple celle du mélangisme:
Pour simplifier: la mère transmet tous ses caractères. Le père n'est qu'un déclencheur.
Pour simplifier: le père transmet tout ses caractères, la mère n'est qu'un 'moule'
Pour simplifier: les caractères du père et de la mère se mélangent
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Au XVIe siècle, l'anglais William Harvey (1578-1657), suite à une série d'observations sur le développement de l'embryon de poulet, en vint à la conclusion que c'était l'oeuf qui procurait à l'embryon toutes ses caractéristiques et qu'il n'y avait ni mélange de sang pur et impur, ni coagulation. Selon lui, le sperme ne devait servir qu'à stimuler, à amorcer le développement de l'oeuf. Il penchait donc plus pour la théorie oviste que le mélangisme. Mais chez l'homme? Comment Harvey l'explique t-il?:
Les femmes se cachent pour pondre des oeufs de 30cm. Quelles cachottières, ces filles d'Eve!
Les oeufs de femme sont cachés dans le corps, et si petits qu'on ne peut les voir. Pratique comme argument!
La femme est ovovivipare, comme la vipère. Elle incube son oeuf dans l'utérus, et il éclôt avant l'accouchement.
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Quelques années plus tard, en 1667, Régnier de Graaf, (dont vous entendrez parler en tronc commun) en observant des ovaires, crut avoir découvert ces oeufs de mammifères. En fait, il venait de débusquer ce qu'on appelle aujourd'hui les
ovaires
de l'or
follicules (groupe cellulaire entourant les ovules)
.
(L'ovule, -enfin l'ovocyte- ne sera identifié par Van Baer qu'en 1827.)
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En 1677, les Hollandais Leewenhoeck et Hamm, grâce au microscope, découvrent les spermatozoïdes. La découverte est déconcertante.
À quoi peuvent bien servir ces innombrables animalcules (comme on les appelait à l'époque, voir illustration ci dessus)?
la majorité reconnaît en ces animalcules les transporteurs des facteurs héréditaires paternels
la majorité pense que c'est la 'capsule' à bébé
la majorité pense qu'il s'agit de microbes générés spontanément dans le sperme
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On a donc deux courants de pensée:
les Préformationnistes qui pensent que les animalcules
ou
les ovules (spermistes ou ovistes) contiennent un micro-bébé, un germe d'homme.
les Epigénistes (fans d'Aristote) pensent que le sperme se transforme au contact du sang maternel en obéissant à une force vitale ou spirituelle (vitalistes/ animistes).
2 siècles durant, ils vont s'opposer en de vigoureux débats.
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Mais qu'il soit du spermatozoïde ou de l'ovule, d'où vient le germe préformé? Comment est-il arrivé là? La majorité des préformationnistes croyaient que:
200 millions de bébés créés par Dieu s'emboîtent les uns dans les autres comme des poupées russes
le sperme est comme une soupe primitive, un bouillon de culture solipsiste où poussent des reflets humains du père
des nano-cigognes injectaient de leur bec affuté des petits bébés venus de la galaxie Z dans les oeufs de la femme
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Évidemment, lorsqu'on serait rendu au dernier germe, ce serait la fin du monde!
Il convient d'ajouter qu'à cette époque, beaucoup croyaient que la matière était divisible à l'infini. Il n'y avait donc aucun problème à spéculer de l'existence de germes infiniment petits.
D'autres préformationnistes dont la raison se refusait à de pareilles spéculations, supposaient que les germes étaient disséminés partout dans la nature. Absorbés par l'air qu'on respire ou dans nos aliments, ils devaient ensuite aller se loger dans les spermatozoïdes ou les ovules (selon que l'on soit animalculiste ou oviste).
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Le préformationnisme, l'épigénisme ne furent définitivement abandonnés qu'au début du XIXe siècle, avec la découverte de la fusion des noyaux des gamètes lors de la fécondation (1875, Hartwig). Pas de métamorphose du sperme, pas d'humain miniature à l'horizon...Mais un mélange de deux 'noyaux' du spermatozoïde mâle et de l'oeuf femelle! Le mélangisme tenait là un argument de poids. Certes, Mendel avait commencé ses travaux, mais
il les avait réalisés chez le Pois et pas encore chez l'Humain
son statut monacal l'empêchait de les diffuser
leur importance ne serait perçue que 30 ans plus tard
.
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Quelques années plus tard, on découvrait les chromosomes...
Mais c'est seulement en
1888
2009
1903
1990
1865
(date à connaître) que l'on établit la corrélation entre chromosomes et facteurs héréditaires de Mendel, dont nous allons maintenant parler.